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Transparent fumé. Squares grillagés, feuillage policier: la ville où fait si bon vivre.

A Nantes, le mot accueil s'accorde avec nouveaux Nantais, grands évènements à La
Beaujoire, cadres et ingénieurs qu'on bichonne. Pas avec ces salauds d’étrangers
pauvres contrés par l'opération zéro refuge. Espaces publics « neutralisés », les
squares Daviais (pas de date de réouverture annoncée), jardin des Fonderies
(réouverture « d’ici la fin du 1er trimestre 2019 »), square Vertais ont été grillagés,
clôturés, vigilisés 24h/24, pour éviter que tentes se replantassent. Pour pas choquer,
on dit « travaux de sécurisation ». Coût des frais de gardiennage privé : 490 000 € a
voté le conseil municipal. « Plus aucune occupation sauvage sur l’espace public ne
sera tolérée » a dit Farinella Rolland.
La ville dorlote son centre : chantier programmé de 2019 à 2021, le réaménagement
Feydeau-Commerce soigne la vision panoptique à l’œuvre dans les prisons, théorie
chère à Bentham et dénoncée par Foucault. Outre les caméras de vidéosurveillance
24/24, « l’éclairage nocturne, le feuillage plus fin des arbres et les plantes de moins
d'un mètre de haut » sont censés garantir une vision dégagée, cliché de la théorie
sociale et urbaine du « defensible space » qui charge le design urbain de rendre
impossible toute déviance, de discipliner la ville, de l’ouvrir au regard policier et à la
vigilance du citoyen délateur. « Pour lutter contre l’insécurité, l’espace sera plus
transparent, sans recoin pour la délinquance et le trafic » a promis Johanna
Rolland. Ca doit être ça, le transparent adoptif.